dimanche 11 octobre 2009

Itchy feet.

Tout avait changé soudainement. Le ton, le climat moral ; on ne savait que penser, ni que croire. C'était comme si on nous avait conduits par la main - tels de petits enfants - toute notre vie et que soudain nous nous retrouvions seuls ; il fallait apprendre à marcher par soi-même. Il n'y avait personne auprès de nous, ni parents ni quiconque dont nous respections le jugement. Dans une telle époque, on ressentait le besoin de se consacrer à un idéal - la vie, la vérité ou la beauté -, de lui obéir, au lieu de suivre les règles humaines qui avaient été mises au rebut. Nous devions nous soumettre à un but ultime plus pleinement, avec moins de réserve que nous ne l'avions fait dans les jours paisibles et familiers de la vie passée, qui était maintenant abolie et avait disparu pour de bon. (B. Pasternak)

Il était seul, méconnu, heureux, et proche du coeur sauvage de la vie. Il était seul, jeune, obstiné, libre, seul dans un désert chargé d'air vif et d'eau saumâtre, parmi la moisson marine des coquillages et des algues, dans la lumière du gris pâle du soleil. (J. Joyce)

Je désirai le mouvement et non une existence au cours paisible. Je voulais l'excitation et le danger, et le risque de me sacrifier pour mon amour. Je sentais en moi une énergie surabondante qui ne trouvait aucun exutoire dans notre vie tranquille. (L. Tolstoï)

Le désert est le milieu de la révélation,il est génétiquement et physiologiquement autre, sensoriellement austère, esthétiquement abstrait, historiquement hostile... Ses formes sont puissantes et suggestives. L'esprit est cerné par la lumière et l'espace, par la nouveauté cénesthésique de la sécheresse, par la température et par le vent. Le ciel du désert nous entoure de toute part, majestueux terrible. Dans d'autres lieux, la ligne d'horizon est brisée ou cachée ; ici, unie à ce qui se trouve au dessus de nos tête, elle est infiniment plus vaste que dans les paysages ondoyants et les régions de forêts. Quand le ciel est dégagé, les nuages paraissent plus massifs et parfois ils donnent sur leur surfaces inférieure concave un reflet grandiose de la courbure de la terre...
Les prophètes et les ermites vont dans le désert. Les exilés et les pèlerins le traversent. C'est ici que les fondateurs des grandes religions ont chercher les vertus spirituelles et thérapeutiques de la retraite, non pour fuir mais pour traverser le réel. (P. Shepard)