dimanche 30 mai 2010

Kink Kong Theory 9/10.

Toutes des salopes.
Attirée par la ville plutôt que par l'intérieur, toujours excitée par les expériences, et incapable de me satisfaire du récit qu'on m'en fera. Je m'en tape de mettre la gaule à des hommes qui ne me font pas rêver. Je me suis toujours sentie moche, je m'en accommode d'autant mieux que ça m'a sauvée d'une vie de merde à me coltiner des mecs gentils qui ne m'auraient jamais emmenée plus loin que la ligne bleue des Vosges.
On est frappés par l'explosion du look chienne de l'extrême, par ailleurs très seyant, adopté par beaucoup de jeunes filles. C'est en fait une façon de s'excuser, de rassurer les hommes : "Regarde comme je suis bonne, malgré mon autonomie, ma culture et mon intelligence". J'ai les moyens de vivre autre chose, mais je décide de vivre l'aliénation via les stratégies de séduction les plus efficaces. "Soyons libérées mais pas trop. "Nous voulons jouer le jeu, nous ne voulons pas des pouvoirs liés au phallus, nous ne voulons faire peur à personne."
L'état, toujours plus surveillant, sait mieux que nous ce que nous devons manger, boire, fumer, ingérer, ce que nous sommes aptes à regarder, lire, comprendre, comment nous devons nous déplacer, dépenser notre argent, nous distraire. L'individu est débarrassé de son autonomie, de sa faculté à se tromper, de se mettre en danger. C'est ce vers quoi notre société tend, possiblement parce que notre temps de grandeur est déjà loin derrière nous, nous régressons vers des stades d'organisation collective infantilisant l'individu.
Les hommes dénoncent avec virulence injustices sociales ou raciales, mais se montrent indulgents ou compréhensifs quand il s'agit de domination machiste.
Le X est (aussi) la façon qu'on les hommes d'imaginer ce qu'ils feraient s'ils étaient des femmes, comme ils s'appliqueraient à donner satisfaction à d'autres hommes, à être de bonnes salopes, des créatures bouffeuses de bites.
J'aime beaucoup, depuis, entendre les hommes pérorer sur la stupidité des femmes qui adorent le pouvoir, l'argent ou la célébrité : comme si c'était plus con d'adorer les bas résille...
Les hommes adorent les jolies femmes, leur faire la cour et fanfaronner quand ils en mettent une dans leur lit. Mais ce qu'ils aiment le plus, en vérité, c'est les regarder se casser la gueule, et faire semblant de les plaindre, ou s'en réjouir directement.
Être angoissé par la taille de sa bite. Savoir faire jouir les femmes sans qu'elles sachent ou veuillent indiquer la marche à suivre. Museler sa sensualité. S'habiller dans les mêmes chaussures pataudes, ne pas jouer avec ses cheveux, ne pas porter trop de bijoux, ni aucun maquillage. Ne pas savoir demander d'aide. Réussir socialement, pour se payer les meilleures femmes. Ne pas jouer à la poupée quand on est petit, se contenter de petites voitures et d'armes en plastique supermoches. Afin que, toujours, les femmes donnent des enfants pour la guerre et que les hommes acceptent d'aller se faire tuer pour sauver les intérêts de trois ou quatre crétins à la vue courte.
Parce que les hommes continuent de faire ce que les femmes ont appris à faire pendant des siècles : appeler ça autrement, broder, s'arranger, surtout ne pas dire le mot pour décrire ce qu'ils ont fait. Ils ont un peu déconné, elle était trop bourrée : mais si ça a pu se faire, c'est qu'au fond la fille était consentante. Qu'il ait eu besoin de la frapper, de la menacer, de s'y prendre à plusieurs pour la contraindre et qu'elle chiale avant, pendant et après n'y change rien : dans la plupart des cas, le violeur s'arrange avec sa conscience, il n'y a pas eu de viol, juste une petite salope qui ne s'assume pas et qu'il a suffit de savoir convaincre. Il n'y a vraiment que les psychopathes graves, violeurs en série qui découpent les chattes à coups de tessons de bouteilles, qu'on identifie en prison. Car les hommes condamnent le viol. Ce qu'ils pratiquent, c'est toujours autre chose.
Toute l'élégance et la cohérence masculine résumées en une phrase : Donne-moi ce que je veux, je t'en supplie, que je puisse ensuite te cracher à la gueule.