jeudi 3 mars 2011

Adolfe. 6.5/10.


Serais-ce parce qu'il y a dans l'expérience quelque chose de douteux (...) Serais-ce que la vie semble d'autant plus réelle que toutes les illusions disparaissent, comme la cime des rochers se dessine mieux dans l'horizon lorsque les nuages se dissipent ?
Je n'avais de haine contre personne, mais peu de gens m'inspiraient de l'intérêt; or les hommes se blessent de l'indifférence, ils l'attribuent à l'affectation; ils ne veulent pas croire qu'on s'ennuie avec eux naturellement.
Je n'avais point eu jusqu'alors de liaison de femme qui pût flatter mon amour propre; un nouvel avenir parut se dévoiler à mes yeux; un nouveaux besoin se fit sentir au fond de mon coeur. Il y avait dans ce besoin beaucoup de vanité sans doute, mais il n'y avait pas uniquement de la vanité (...) les sentiments de l'homme sont confus et mélangés; ils se composent d'une multitude d'impressions variées qui échappent à l'observation; et la parole, toujours trop grossière et trop générale, peut bien servir à les désigner, mais ne sert jamais à les définir.
On l'examinait avec intérêt et curiosité comme un bel orage.
Son image errait devant mes yeux, régnait sur mon coeur, et j'avais la fièvre de la crainte de ne pas la voir.
Des jours, des heures, c'est tout ce qu'il me faut.
Il y a des choses qu'on est longtemps sans se dire, mais quand une fois qu'elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter.
Dès qu'il existe un secret entre deux cœurs qui s'aiment, dès que l'un d'eux a pu se résoudre à cacher à l'autre une seule idée, le charme est rompu, le bonheur est détruit. L'emportement, l'injustice, la distraction, même, se réparent ; mais la dissimulation jette dans l'amour un élément étranger qui le dénature et le flétrit à ses propres yeux.
Les sentiments les plus impérieux se brisent contre la fatalité des circonstances.
J’aurais voulu donner à Ellénore des témoignages de tendresse qui la contentassent; je reprenais quelquefois avec elle le langage de l’amour; mais ces émotions et ce langage ressemblaient à ces feuilles pâles et décolorées qui, par un reste de végétation funèbre, croissent languissamment sur les branches d’un arbre déraciné.